Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation au gouvernement français, explique comment les universités européennes vont définir une stratégie commune et à long terme pour 2025 en matière de formation, de recherche et d’innovation
A l’occasion de son discours sur l’Europe en septembre 2017, le Président de la République française a proposé la création d’universités européennes pour constituer un réseau entre des établissements de plusieurs pays d’Europe et renforcer le sentiment d’appartenance européenne. L’objectif était que ces institutions permettent à chaque étudiant de construire un parcours à l’ambition européenne, en étudiant dans des pays étrangers et en y apprenant au moins un nouvelle langue étrangère. En écho à cette initiative, la Commission européenne a lancé en octobre 2018 le premier appel à projet sur les Universités européennes doté d’un budget de €60 millions nourrissant l’objectif d’en constituer une vingtaine d’ici 2024.
Je suis heureuse et fière que l’engagement français pour la coopération européenne ait permit d’impulser cet engouement au niveau européen, et je tiens à saluer la rapidité avec laquelle la Commission européenne s’est emparée de ce sujet. Au bout de quelques mois seule- ment, les premiers résultats ont été rendus publics. Sur 54 candidatures reçues, 17 regroupements représentant 114 établissements d’enseignement supérieur de 24 États membres différents ont été sélectionnées.
Parmi elles, ce sont 16 établissements français qui ont été retenus. L’implication des établissements français en faveur des universités européennes ne me surprend guère. Elle est le fruit d’un profond attachement de la communauté universitaire aux valeurs qui sont au fondement de l’Europe : le partage de la connaissance, la liberté académique, l’échange permanent pour contribuer à construire une société démocratique, basée sur le progrès et sur la science.
Les universités européennes auront vocation à définir une stratégie commune et de long terme à l’horizon 2025 pour la formation, la recherche et l’innovation. Des structures dédiées de gouvernance conjointe, ainsi que des services, ressources et infrastructures partagées seront mis en place.
Nous pouvons être collectivement fiers de cette réussite, à l’heure où les nationalismes rongent les fondements de la démocratie partout dans le monde, tandis que la science est de plus en plus questionnée, y compris parmi les responsables politiques de grandes puissances mondiales.
Les universités européennes sont une réponse européenne face à cette menace. Elles portent un mes- sage d’espoir tout autant qu’un impératif d’exigence. Demain, nous formerons des étudiants européens, qui auront un diplôme européen, parleront plusieurs langues européennes. C’est par la connaissance et par la science que nous développerons ce sentiment d’appartenance, ce destin commun qu’incarne l’Union européenne.
Les universités européennes viennent compléter les multiples initiatives bilatérales qui fonctionnent déjà à travers l’Europe. Je pense notamment à l’Université franco-allemande, qui fête cette année ses 20 ans. L’UFA accueille 6,400 étudiants répartis entre 194 établissements d’enseignement supérieur. C’est également un bon exemple de ce socle historique de l’Europe qu’est la connaissance, grâce à ses 180 cursus intégrés d’excellence, grâce à la centaine de manifestations scientifiques qu’elle organise chaque année pour ses doctorants, grâce à sa promotion du plurilinguisme, qui est la véritable langue de l’Europe.
A travers les Universités européennes comme grâce aux coopérations bilatérales, c’est cette Europe de liberté, de solutions, d’opportunités en laquelle les citoyens ont tant besoin de croire que nous œuvrons. Dans cette Europe qui tremble parfois sous la montée des populismes mais qui vibre aussi de tant de créativité, de tant d’envie d’innover et d’inventer un monde plus solidaire et plus respectueux de l’environnement, les défis ne manqueront pas dans les mois qui viennent.